Table ronde sur l’innovation et l’avenir de l’équité menstruelle
Lors du Symposium Periods on Campus 2025 qui a eu lieu le 30 mai dernier à l’université McGill à Montréal, j’ai été invité à participer à une table ronde pour discuter d’innovation et d’avenir concernant l’équité menstruelle. Vous me trouverez peut-être naïve, mais je crois encore que l’éducation est la clé pour contribuer à l’équité menstruelle.
L’équité menstruelle, c’est plus que d’avoir accès gratuitement des produits menstruels, c’est aussi avoir accès à toute l’information disponible pour pouvoir faire des choix éclairés.
Est-ce que ça existe des tampons sans produits toxiques?
En juillet 2024, une étude publiée par l’université de Californie, Berkeley, démontre que des produits toxiques sont présents dans tous les types de tampons, bios (faits de coton biologique) ou non. Bien que nous soyons au courant des risques potentiels que peuvent avoir les produits toxiques lorsqu’ils sont absorbés par notre corps, nous ne pourrons rien affirmer tant qu’il n’y aura pas d’études réalisées sur les impacts potentiels de l’utilisation de ces produits menstruels pendant une période de 38 ans.
Je ne suis pas contre l’utilisation de tampons, car je crois que chaque personne est libre de choisir pour elle-même. J’ai moi-même utilisé des tampons pendant près de 20 ans, mais je dois avouer que si j’avais eu accès aux informations partagées dans cette étude, je ne pense pas que je reprendrais la même décision.
Ce que je n’approuve pas, c’est la désinformation. Je suis contre le fait de culpabiliser les gens d’utiliser des tampons non-bios en prétendant que les tampons bios ne contiennent aucun produit toxique contrairement aux autres types de tampons.
Citer une étude qui spécifie que les tampons bios contiennent un niveau plus élevé d’arsenic que les tampons non-bios pour tenter de prouver que les tampons bios sont sans produit toxique, est-ce un manque de respect pour l’intelligence des gens? Pourquoi une compagnie qui clame haut et fort militer pour l’équité menstruelle et la santé publique a ce type de discours? Est-ce par intérêt financier? Je n’oserai pas me prononcer là-dessus…
Capitalisme et santé publique
Je ne crois pas que le capitalisme ait sa place quand il s’agit de santé publique et ça ne me dérange pas de perturber le monde des affaires.
Quand j’ai parlé du projet de Fornix à des investisseurs, on m’a dit que ça ne faisait aucun sens;
Que ce serait plus rentable de suggérer à ma clientèle de changer de coupe menstruelle tous les 2 ans plutôt qu’aux 10 ans, car une des choses qui coûte le plus cher en affaires, c’est l’acquisition de nouveaux clients;
Que je ne devrais pas faire manufacturer mes coupes au Canada, car les coûts de fabrication au Canada sont beaucoup élevés que ceux en Asie;
Que je devrais plutôt commencer par vendre à l’extérieur du Canada, car les frais liés à l’homologation par Santé Canada sont beaucoup trop élevés pour une entreprise en démarrage, alors que le marché des États-Unis est 10 fois plus gros que le marché canadien et qu’il est beaucoup plus simple et moins dispendieux d’obtenir l’approbation de la FDA;
Que je ne devrais pas donner des coupes menstruelles aux organismes de charité et que si je tenais à le faire, il serait préférable de les donner à l’extérieur du Canada pour ne pas canibaliser mon marché en en donnant à des clientes potentielles;
Que je devrais m’associer avec une compagnie de tampon, car elle, elle a des revenus récurents et des ressources financières pour investir en marketing;
Et ainsi de suite…
Peut-être que le temps donnera raison à ces investisseurs, mais si personne n’essaie, on ne le saura jamais.
Un manque à combler dans l’offre des coupes menstruelles au Canada
Une coupe menstruelle qui convient à absolument toutes les personnes, ça n’existe pas! Croyez-moi, malgré ce que certaines compagnies prétendent, si ça avait été le cas, ça m’aurait vraiment simplifié la vie!
Alors, pour toutes les personnes comme moi qui n’aiment pas la sensation humide des serviettes ou des culottes menstruelles et pour qui les coupes menstruelles disponibles sur le marché canadien sont inconfortables ou inneficaces, il fallait que je trouve une solution pour les démocratiser.
Pour combler un manque au Canada, je me suis autofinancée afin de créer la coupe menstruelle de type disque Fornix, et ce, même si je n’avais pas suffisement d’économies pour investir en marketing lors du lancement en octobre 2023.
Depuis ce temps, c’est en marketing et en création de contenu éducatif que Fornix réinvestit presque toutes les recettes qui lui restent après avoir payé les frais d’audit annuel nécessaire pour conserver l’homologation de Santé Canada. Précisons ici, que même si les tampons sont aussi considérés comme des instruments médicaux, les compagnies canadiennes qui offrent des tampons bios (tous faits en Europe et en Asie, car il n’y a pas de plantation de coton au Canada) ne sont pas tenues de se faire auditer annuellement pour être homologuées par Santé Canada.
S’unir pour le bien commun
Pendant la table ronde du symposium, on m’a demandé comment j’allais faire pour continuer de contribuer à l’équité menstruelle malgré les défis associés au manque de ressources financières.
Ma réponse est simple : par l’honnêteté, la bienveillance et grâce au support des autres.
Depuis le jour 1, c’est grâce aux personnnes qui ont essayé Fornix et qui en parlent à leur entourage que Fornix gagne en popularité.
Est-ce viable à long terme? Seul l’avenir nous le dira...
D’ici là, merci à toutes les personnes bienveillantes qui contribuent à l’équité menstruelle! Ensemble, on est plus fort et on peut réaliser de grandes choses!
Marielle La Rue, fondatrice de Fornix